François Bayrou dénonce "l'obsession nationaliste"

Publié le par Patrick Roger - Le Monde

 

LE MONDE | 24.03.07 | 14h25  •  Mis à jour le 24.03.07 | 14h41

François Bayrou a pris goût à l'outre-mer. Son déplacement à la Réunion, où il est arrivé vendredi 23 mars, est le troisième séjour qu'il effectue en huit mois dans ce département d'outre-mer. Dans la matinée, il s'est rendu dans le quartier des Camélias, à Saint-Denis de la Réunion, où il a retrouvé certaines familles en difficulté qu'il avait déjà rencontrées lors de précédentes visites. Mais sa notoriété n'a pas encore gagné toute l'île, comme en témoigne le chaleureux "bravo monsieur Baroin", du nom du ministre de l'outre-mer, que lui a adressé un passant.

 

En soirée, le candidat centriste a tenu un meeting devant 700 personnes. Il a plaidé pour "une politique adaptée à chaque île". Et s'est notamment prononcé pour une réorientation de la défiscalisation dont profitent les départements et territoires d'outre-mer vers le logement social.

 

Toutefois, alors que Nicolas Sarkozy était au même moment aux Antilles, M. Bayrou n'a pas manqué de lui adresser une vigoureuse mise en garde, lui reprochant de chercher à "gagner des voix en excitant les uns contre les autres". "Il faut empêcher que cette campagne ne dérape, notamment sur les thèmes de l'immigration et de la nation, a-t-il lancé. C'est dangereux quand on commence à désigner une catégorie de citoyens, à creuser entre nous des sentiments de haine qui font des dégâts considérables."

 

De même samedi matin, a-t-il rajouté qu'il ne fallait pas tomber "dans la névrose perpétuelle de l'identité" en réaction, cette fois, au souhait de Ségolène Royal de voir les Français avoir chez eux un drapeau tricolore qu'ils pourraient exposer à leurs fenêtres le 14 juillet. "Cela ne ressemble pas à mon pays. Tout cela c'est la société américaine", a-t-il poursuivi. "Je crois que les deux candidats ont un problème avec cette obsession nationaliste. C'est comme si les thèmes de Jean-Marie Le Pen étaient en train d'envahir l'esprit de ces deux candidats-là. Eh bien, moi, ils n'envahissent pas le mien."

 

Lors de son déplacement, le président de l'UDF a exprimé en revanche la crainte que l'afflux d'immigrés en situation irrégulière à Mayotte ne crée de "graves déséquilibres". Vendredi après-midi, il s'était déclaré "favorable à ce que la nationalité française ne soit plus automatique, dès l'instant qu'en Guyane ou à Mayotte on est venu simplement pour accoucher sur le territoire national". "Je suis un antiraciste viscéral, mais je suis aussi en charge d'avoir un équilibre dans la population. Quand on est un humaniste, on doit être, dans ces affaires, ferme", s'est défendu le candidat de l'UDF.

 

M. Bayrou avait déjà soutenu cette position et apporté son soutien au ministre de l'outre-mer, François Baroin, lorsque celui-ci avait évoqué, en septembre 2005, la remise en cause du droit du sol, notamment à Mayotte, pour répondre à cette situation. Ses propos avaient alimenté une vive polémique et une mission parlementaire avait été constituée afin d'étudier la situation. Laquelle, tout en jugeant l'immigration clandestine à Mayotte "massive et déstabilisatrice", avait conclu qu'il convenait avant tout de "se donner les moyens d'appliquer le droit existant".

 

Patrick Roger

 

 

 

Publié dans IDENTITE NATIONALE

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